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mardi 5 avril 2016

Des jours comme ça...


Le réveil sonne, et pas envie de se lever. L'impression de ne pas avoir assez dormi; La douleur déjà, les éclairs dans un bras qui  semble peser une tonne.
 Envie de rester blottie sous la couette, au chaud, à la poursuite de je ne sais quel rêve.

Secouer les enfants pour qu'ils se préparent -tout en pestant intérieurement.. à leur âge ils pourraient se lever et se préparer sans que je sois derrière eux.

 Premier café, première clope, temps gris dehors, il pleut. Envie de retourner sous la couette. La douleur est là, insistante, et je sais qu'elle ne me lâchera pas de la journée.

Ranger la maison, partir au boulot. Et enchaîner les heures.  Serrer les dents, rester calme, ne rien laisser paraître.

Gérer toute la journée l'agressivité, le stress, les problèmes des uns et des autres.

Puis attaquer la montagne de paperasse, une fois que tout le monde est parti. Et les coups de fils aux collègues, parce que c'est le seul moment où je peux le faire sans être dérangée.
 Et les heures s'accumulent.
Je ne peux même plus parler de douleur ou de fatigue.. c'est au delà de ça.

Rentrer tard. Enchaîner sur la routine, le linge à ramasser, le repas à préparer..

Et l'impression d'avoir vraiment eu une journée de merde.

Puis au final un petit détour par le blog de Christophe André.
Juste comme ça, parce que je n'ai même pas l’énergie de sortir mon tricot ou de filer un peu.

Et là je réalise...
La chance que j'ai...
 je suis vivante
 J'aime et je suis aimée
Je vais pouvoir prendre une douche chaude, m'étirer, gérer ma douleur et prendre soin de moi, et me coucher tôt.
Et  d'un seul coup, la journée que je viens de passer prend un tout autre sens.

Il y a des jours comme ça, où on apprend quelque chose....

dimanche 15 novembre 2015

L'Enfer, un pas après l'autre...

Alors que les messages de soutien et de solidarité , les dessins, les #Paris... se multiplient sur la toile...

Alors qu'on actualise le nombre de morts, de blessés graves...qu'on pense à eux et  et à leurs familles...

Je pense aussi  aux autres.
 Aux quelques 1000 personnes qui étaient au Bataclan et sont sorties "indemnes" du cauchemar.
Aux clients et personnels des restaurants qui ont échappé aux balles.
 Aux témoins, passants, soignants, forces de l'ordre ...

A ceux qui ont vu l'horreur et pour qui la traversée de l'enfer commence. Pas après pas, jour après jour..

Les flashbacks, les insomnies, les cauchemars...

La peur permanente....

La culpabilité d'être là, de vivre encore...

Les plus grandes blessures ne sont pas que physiques.Parfois il est plus difficile d'être un survivant qu'une victime.

Je pense à ceux qui vont entendre "au moins toi, tu t'en es sorti" ...
 Ceux qui vont se battre, jour après jour, pour reprendre une vie "normale " et ne pas se laisser aller.
 Ceux qui ne vont pas pleurer parce qu'il ne s'en sentent pas le droit.
 Ceux qui, n'étant pas reconnus comme des victimes à part entière, ne vont pas bénéficier peut être de suffisamment de soutien , de soins et de compassion

 Je pense à  tous ceux qui dans les jours, semaines, mois et années à venir vont traverser l'Enfer.

Un pas après l'autre...


It's impossible for me to translate all this post
My english level is not good enough, and I just can't find the words to express what I actually feel.
 The medias speak about the number of deads and the woundeds. We hear a lot about republican values, freedom, french way of life... And I'm okay with it.

But we forget all the other victims , those people who were here, but were "fortunately" not physically wounded. 
 We also forget the witnesses of the crimes, the emergency units, the cops..
 And I think of what some of them will have to endure in the next days, weeks or more.
 The biggest wounds are not always the physical ones. It's sometime harder to be a survivor than a victim. 

Some of them may walk trough the Hell for a while...


dimanche 16 février 2014

Le choix

Parmi les blogs que je lis régulièrement il y a "Frugal queen".

La vie est parfois surprenante. Alors que je me confronte depuis quelques mois à quelques vieux démons (la douleur, la fatigue, le spectre du burn out...) , son dernier post m'a remis quelque peu les pendules à l'heure.

"Hapiness is a conscious choice. Not an automatic response"

"Le bonheur est un choix conscient, pas une réponse automatique".

C'est entièrement vrai.
Si je dois faire dépendre mon bonheur de conditions préalables jamais je ne serai heureuse.

Mais c'est aussi un peu effrayant.

Il es tellement plus facile de se poser en victime et de se dire qu'un jour on pourra être heureux..
le jour où on sera riche..
 le jour où on aura trouvé l'âme sœur...
 le jour où on aura une silhouette de rêve..
le jour où on aura du temps pour soi...
le jour où on sera en parfaite santé...

 et la liste est infinie.

A force d'attendre "Le jour où.." on finit par passer sa vie entière frustré, insatisfait, et malheureux.

Le post de Frugal Queen ne m'a rien appris que je ne savais déjà, mais parfois une piqûre de rappel est salutaire.

Je n'ai plus qu'à me retrousser les manches et réactiver mes stratégies d'adaptation vis à vis de ma douleur..
Je n'ai plus qu'à reconnaître et respecter mes limites dans le cadre de mon travail...

.. et m'accorder du temps pour me reposer en revoyant mes objectifs et en allégeant tout ce qui peut l'être.

Sur ce , je retourne à mon tricot!
A bientôt!

I follow a few blogs, and the last post of "Frugal Queen" helped me a lot this week.

 For a while I struggle against my chronic pain, I also have to deal with burn out and exhaustion. 
The last post of Frugal queen reminds me that I am the only one to decide to be happy, and that my happinesse doesn't depend on anything but me.

I already knew that.
 But recently I guess that I was on the way of self pity and victimization.

I just have to put the limits in my job and stick on it
I just have to review my priorities and give me enough time to restore my energy;
I just have to reactivate my coping strategies concerning the pain...

See you soon!










samedi 2 avril 2011

Petite leçon de douleur / Lessons in pain

Elle a fait une entrée fracassante dans ma vie, par un bel après midi d'été, il y a deux ans.
Je la croyais hôte de passage...
Elle ne l'entend pas de cette façon.

Parfois sourde, à peine discernable, au point que je pourrais m'en croire enfin débarrassée.
Parfois, comme cette semaine, envahissante. Agressive. Usante.

Les philosophes grecs disaient que la souffrance et la douleur peuvent être source d'apprentissage.

Il m'a fallu du temps. Il m'a fallu de la patience.
Il m'a fallu aussi me replonger dans ce qu'autrefois j'avais compris d'un point de vue purement intellectuel, et qui désormais est une réalité quotidienne : Algodicée

"Derrière ce mot pompeux se cache un véritable défi pour l’individu. Algodicée signifie la connaissance à travers la souffrance, la connaissance par la souffrance. Elle exige de l’homme de tirer profit de tout, même de la douleur, même des tourments. Tâche difficile, redoutable, on ne peut cependant pas faire l’impasse de la question. Tôt ou tard elle arrive, s’impose. Notre rapport au monde se bâtit avec elle, contre elle. Compagne ou adversaire, elle est présente..." (Alexandre Jollien).

Que m'a appris ma douleur?

Que cette experience n'appartient qu'à moi. Si je devais vous la décrire, j'emploierai des images de glace et d'eclairs, de fulgurances dans un bloc de marbre froid.. Mais aucun autre que moi ne peut la vivre, la ressentir, l'approcher.

Qu'elle fait partie de moi, de ma vie, que je le veuille ou non. Et qu'il est vain de la traiter par le mépris, de la négliger, de vouloir la combattre. Telle une amante éconduite et jalouse, elle se venge alors en coupant tout élan, en envahissant toute ma conscience, jusqu'à ce qu'enfin, je l'écoute.
J'ai donc appris à l'accueillir, à composer avec elle, à ne pas passer outre quand elle se manifeste.

Elle me confronte à mes limites... moi qui pensais que ma volonté n'en avait pas!

Elle m'apprend l'impermanence, l''adaptation, la flexibilité, la créativité... Tout ce qu'il faut déployer de ruses et de chemins de traverses pour continuer à avancer, avec ou malgré elle, et faire ce que je veux ou dois faire.

Elle m'a appris l'indulgence. Enfin je m'autorise à être moins... moins souriante, moins performante, moins active, moins perfectionniste..
Enfin -et peut être est ce là le plus difficile- je m'autorise la possibilité de demander de l'aide... et de l'accepter.

Elle m'a appris la fragilité et le doute.

Et finalement, j'ai appris qu'en intégrant ses limites et ses contraintes, j'arrivais à m'en libérer.

J'ai appris que j'avais gagné: elle est incapable de me détruire ou de m'abattre.

«Rien n’est grave, puisque tout est grave.»
Alexandre Jollien - Extrait de "Le Métier d’homme "
A bientôt

She careened brutally into my life on a fine summer afternoon, two years ago.
I thought of her as a short time guest, just passing through...
She doesn't see it like that.


Sometimes muffled, nigh imperceptible, to the point where I can almostthink she's finally gone.

Sometimes, like this week, invasive. Aggressive. Grinding.

Some Greek philosophers used to say that suffering and pain can be sources of knowledge, can teach us things.
For me, it took time. It took some patience.

It also took a return to a notion I used to understand on an intellectual level, and which is now for me a lived reality, an every day fact: Algodicea
"Behind this pompous word hides a true challenge for any individual.
Algodicea means knowledge through pain, knowledge from pain. It challenges a person to extract some benefic from everything, including pain and suffering.
An arduous task, frightening, but a problem that cannot be neglected .Sooner or later pain arises, asserts itself, and our rapport with the world is elaborated with her, against her.
Companion or opponent, pain is present..." (Alexandre Jollien,
translated from French)


What did my pain teach me?

That it is an experience which is uniquely mine, no one else's. If I
had to describe my pain I would use metaphors, images of ice and
lightning, sudden searing blasts in a cold slab of marble. And no one
else but me can live it, feel it, approach it.


That she - the pain - is a part of me, of my life, whether I want it
or not. That it is futile to try and treat her with contempt, neglect
her, to try and fight her. Like a jealous, spurned lover, she will
then avenge herself by throttling all my energy, by invading my
consciousness until finally I deign to listen to her.

So I have learned to welcome her, to take her into account, to never
push too far when she makes herself known.


She confronts me with my limitations... Me, who used to think my will
was boundless!


She teaches me impermanence, adaptation, flexibility, creativity...
All the tricks I have to deploy, all the oblique meandering paths I
have to follow if I want to be able to continue onwards, forwards,
with her, despite her, to do what I want to do, do what I have to do.


She taught me to be lenient. Finally I can allow myself to be less..
less active, less of a perfectionnist.. to perform less, to smile less


Finally - and this might be the hardest thing - I allow myself the
right to ask for help... and to accept it.


She taught me fragility, and doubt.

Ultimately, I learned that if once took into acount the limits, the
constraints she imposes on me, I could also break free of them.


I learned that I have already won: she cannot bring me down, and
cannot destroy me.


"Nothing is serious, since everything is".
Alexandre Jollien in 'Le Métier d'homme'.


See you soon!

I'd like to thank JUDITH STRAUSER for the english translation of those words.
A precious friend and a precious help, day after day...
(Un grand merci à Judith pour la traduction de ce post, qui était bien au dessus de mes compétences en anglais. Une aide et une amie précieuse, jour après jour...)